Comme dans une arène sans spectateurs
Fouettés par les vents scintillants du désir,
Nos lèvres se cherchent en baisers carnivores, oniriques fleurs
Qui croissent et décroissent sans jamais se flétrir.
Comme dans une forêt qui s’éveille doucement
Où les fées chantent et dansent sans paresse
Nos peaux se bâtissent un château de caresses
Fragile et souple comme la mue d’un serpent.
Comme dans une foule anonyme et cruelle
Où la peur se tapit dans les masques fardés,
Nos mains s’étreignent en pieuvres dentelles
Et la chair devient noyau d’éternité
Comme dans une arène quand le soleil va mourir
Où tes ongles, banderilles plantées dans mon corps
Redessinent sans pitié les chemins du plaisir,
Je crie ton nom dans le feu qui m’embrase alors.
Comme dans une arène sans spectateurs
Où la danse s’est close au rythme de nos cœurs,
Je t’observe sous le drap que je serre encore
Et ne voit que le visage d’une enfant qui dort.
AD - 1992 ev.